L’UNION SOVIÉTIQUE
D’Hitler à Hearst, de Conquest
à Soljenitsyne.
Avant-propos.
De Hitler à Hearst, de Conquest
à Soljenitsyne.
L’Ukraine comme territoire
allemand.
William Hearst, l’ami d’Hitler.
Le mythe de la famine en
Ukraine.
L’empire médiatique de Hearst
en 1988.
52 ans pour que la vérité
éclate.
Robert Conquest au cœur du
mythe.
Alexandre Soljenitsyne.
Le soutien au fascisme de
Franco.
Les nazis, la police et les
fascistes.
Les archives révèlent les
mensonges de la propagande.
Gorbatchev ouvre les archives.
Ce que les études russes
montrent.
Les camps de travail dans le
système pénal.
454.000 non 9 millions.
La menace intérieure et
étrangère.
Plus de prisonniers aux
États-Unis.
Un facteur important : le
manque de soins médicaux.
Les mensonges sur l’Union
soviétique.
Les koulaks et la
contre-révolution.
Les purges de 1937.
Le sabotage industriel.
Vol et corruption.
Un plan pour un coup d’État.
Encore plus de mensonges.
Apprenons de l’histoire.
Avant-propos
On
prétend que des millions de personnes furent emprisonnés à l’époque de Staline
et moururent dans les camps de travail de l’Union soviétique ou à cause de la
famine. À notre époque, qui n’a pas entendu parler d’histoires terribles sur
les victimes du goulag, les camps de travail de l’Union soviétique ? Qui n’est
pas au courant des histoires sur les millions de gens morts de faim et sur les
millions d’opposants politiques exécutés en Union soviétique, à l’époque de
Staline ? Dans le monde capitaliste, ces histoires sont répétées à satiété dans
les livres, les journaux, à la radio, à la télévision et dans les films. Ces 50
dernières années, les estimations des soi-disant millions de victimes du
socialisme ont gonflé démesurément. Mais, en fait, qu’est-ce qu’il en est
vraiment de ces histoires, et ces chiffres, d’où viennent-ils ? Qu’est-ce qui
se cache vraiment derrière tout ça ? Encore d’autres questions : est-ce que ces
histoires sont vraies ? Et quelles informations trouve-t-on dans les archives
de l’Union soviétique, secrètes à l’origine, mais qui sont accessibles aux
recherches historiques depuis Gorbatchev, en 1989 ? Les auteurs des mythes sur
l’Union soviétique ont toujours affirmé que toutes ces fables sur les millions
de morts sous Staline seraient confirmées le jour où les archives seraient
disponibles. Qu’en est-il ? Que confirment-elles ? L’auteur de cet article,
après avoir les conclusions des études des recherches faites dans les archives
de l’Union soviétique est en mesure de fournir des informations concrètes sur
les chiffres et le nombre réel de prisonniers, les années que les prisonniers
effectuaient et le nombre réel de morts et de condamnés à mort en Union
soviétique sous Staline. Et la vérité est bien différente du mythe. Je suis
membre du Parti Communiste Marxiste-Léniniste (Révolutionnaire) de Suède, le
KPML(r). Le présent article a été publié dans le journal du Parti, Proletären,
en avril 1998.
De Hitler à Hearst, de Conquest à Soljenitsyne
Il
existe un lien historique direct entre Hitler et Hearst, Conquest et
Soljenitsyne. En 1933, se produisait en Allemagne un changement politique qui a
marqué profondément l’histoire mondiale pour des décennies. Le 30 janvier,
Hitler devenait Premier ministre et un nouveau type de gouvernement
apparaissait, violent et sans lois. Pour consolider leur pouvoir, les nazis
appelèrent à de nouvelles élections pour le 5 mars de la même année, utilisant
toute la propagande qu’ils pouvaient utiliser pour s’assurer la victoire. Une
semaine avant les élections, le 27 février, les nazis avaient mis le feu au
parlement et avaient accusé les communistes d’en être responsables. Au cours
des élections qui suivirent, les nazis obtinrent 17,3 millions de votes et 288
députés, soit 48 % de l’électorat (en novembre 1932, ils avaient obtenu 11,7
millions de voix et 196 députés). Le Parti Communiste fut interdit. Les nazis
commencèrent à persécuter les sociaux-démocrates et le mouvement syndical, et
les premiers camps de concentration virent le jour, remplis d’hommes et de
femmes de gauche. Dans le même temps, le poids d’Hitler au parlement continua
de grossir, avec l’aide de la droite. Le 24 mars, Hitler présenta une loi au
parlement pour qu’on lui donne le pouvoir absolu afin de gouverner le pays
durant 4 ans, sans avoir besoin de consulter le parlement. À partir de là, les
persécutions ouvertes contre les Juifs commencèrent, les premiers à suivre dans
les camps de concentration les communistes et la gauche social-démocrate qui
les avaient précédés. Hitler fit un coup d’État pour avoir le pouvoir absolu,
renonçant aux accords internationaux de 1918 qui restreignaient l’armement et
la militarisation de l’Allemagne. Le réarmement de l’Allemagne alla très vite.
C’est dans cette situation politique internationale que les mythes concernant
des gens mourant en Union soviétique commençèrent à paraître.
L’Ukraine comme territoire allemand
À côté
d’Hitler, à la tête du gouvernement allemand, il y avait Gœbbels, le Ministre
de
William Hearst, l’ami d’Hitler
William
Randolph Hearst est le nom d’un multimillionnaire qui aida les nazis dans leur
guerre psychologique contre l’Union soviétique. Hearst était un très grand
patron de presse américain, connu comme le « père » de ce qu’on appelle « la
presse jaune », la presse à sensation. William Hearst avait commencé sa
carrière comme rédacteur en chef en 1885, lorsque son père, George Hearst, un
millionnaire de l’industrie minière, sénateur et propriétaire de journaux
lui-même, le nomma à la tête du San Francisco Daily Examiner. Ce fut aussi le
début de l’empire de presse de Hearst, un empire qui influença énormément la
vie quotidienne et la pensée des Nord-américains. Après la mort de son père, il
vendit toutes les parts de l’industrie minière dont il avait hérité et commença
à investir dans le monde de la presse. Son premier achat fut le New York Morning
Journal, un vieux journal que Hearst transforma complètement pour en faire un
journal à ragots. Il achetait ces histoires à n’importe quel prix, et lorsqu’il
n’y avait pas assez d’atrocités ou de crimes à raconter, ses chers journalistes
et photographes les « arrangeaient » à leur sauce. C’est ce qui caractérise la
« presse jaune » : des mensonges et des atrocités « arrangés » et servis comme
vraies. Ces mensonges firent de Hearst un millionnaire et un personnage très
important dans le monde de la presse. En 1935, il était devenu un des hommes
les plus riches de la planète et sa fortune était estimée à 200 millions de
dollars. Après la vente du Morning Journal, Hearst se mit à acheter et à fonder
des journaux quotidiens et hebdomadaires à travers tous les États-Unis.
Dans
les années 40, Hearst possédait 25 quotidiens, 24 hebdomadaires, 12 stations de
radio, 2 agences de presse, une entreprise fournissant des faits-divers pour
les films, la compagnie de cinéma Cosmopolitan, et beaucoup d’autres choses encore.
En 1948, il acheta une des premières chaînes de télévision américaine, BWA, à
Baltimore. Les journaux de Hearst se vendaient à 13 millions d’exemplaires
chaque jour et avaient 40 millions de lecteurs. Près d’un tiers de la
population adulte américaine lisait chaque jour un journal de Hearst. En plus,
des millions de gens à travers le monde recevaient des informations de la
presse de Hearst via ses agences de presse, ses films et ses journaux, traduits
et publiés en gros tirage dans le monde. Les chiffres cités montrent combien
l’empire de Hearst eut le pouvoir d’influencer la politique américaine, et de
là, la politique dans le monde, pendant de très longues années. Sa presse
refusa par exemple pendant longtemps que les États-Unis entrent dans
Après
son voyage, les journaux de Hearst devinrent encore plus réactionnaires,
publiant toujours plus d’articles contre le socialisme, contre l’Union
soviétique et contre Staline en particulier. Hearst tenta aussi de servir
directement la propagande nazie en publiant une série d’articles de Gœring, le
bras droit d’Hitler. Les protestations de beaucoup de lecteurs, néanmoins, le
força à arrêter la publication de ces articles et de les retirer de la
circulation. Après la visite à Hitler, la presse à sensation de Hearst fut
remplit de « révélations » sur les terribles évènements qui se produisaient en
Union soviétique : meurtres, génocide, esclavage, débauche des dirigeants et
misère du peuple, tous cela faisant quotidiennement les gros titres. La matière
était fournie par
Le mythe de la famine en Ukraine
Une des
premières campagnes de presse de Hearst contre l’Union soviétique concerna les
millions de personnes soi-disant mortes de faim en Ukraine. Cette campagne
commença le 18 février 1935, avec en gros titre de Une du Chicago American, la
nouvelle de 6 millions de personnes mortes de faim en Union soviétique.
Utilisant le sujet fourni par l’Allemagne nazie, William Hearst en baron de la
presse et en sympathisant des nazis, commença à fabriquer des histoires sur un
soi-disant génocide provoqué par les Bolchéviks ayant entraîné la mort de
plusieurs millions de personnes en Ukraine. La vérité est bien différente. En
fait, ce qui se produisait en Union soviétique, c’était au début des années 30,
une lutte des classes sans précédent au cours de laquelle les paysans sans
terre se soulevaient contre les riches propriétaires terriens, les koulaks, et
commençaient à se battre pour la collectivisation, une lutte pour créer les
kolkhozes. Cette immense lutte des classes, touchant directement ou
indirectement quelques 120 millions de paysans, a certainement provoqué des
troubles dans la production et des pertes agricoles dans certaines régions.
Avec moins à manger, les gens s’affaiblirent ce qui facilita la propagation des
maladies infectieuses. Ces maladies étaient malheureusement communes dans le
monde, à cette époque. Entre 1918 et 1920, une épidémie de fièvre espagnole
avait causé la mort de 20 millions de personnes aux États-Unis et en Europe,
mais personne n’avait accusé les gouvernements de ces pays d’avoir tué leurs
propres citoyens.
La
vérité est que ces gouvernements ne pouvaient rien faire contre ce genre
d’épidémie. C’est seulement avec le développement de la pénicilline pendant
L’empire médiatique de Hearst en 1988
William
Hearst mourut en 1951 dans sa maison à Beverley Hill en Californie. Il laissait
derrière lui un empire médiatique qui continue encore aujourd’hui à propager
ses nouvelles réactionnaires dans le monde entier. Aujourd’hui,
52 ans pour que la vérité éclate
La
campagne de désinformation nazie sur l’Ukraine ne cessa pas avec la défaite de
l’Allemagne pendant
Cette
même organisation finança aussi un film réalisé en 1986, intitulé Harvest of
Despair (Moissons du désespoir), dans lequel, entres autres, on puisait dans le
livre que Conquest avait écrit. À ce jour, aux États-Unis, concernant
l’estimation du nombre de victimes de la famine en Ukraine, on avance le
chiffre de 15 millions de personnes! Pourtant les millions de morts d’Ukraine
provenant de la presse Hearst, et répétés dans les livres et les films, sont
des chiffres complètement faux. Le journaliste canadien Douglas Tottle a
méticuleusement démonté ces falsifications dans son livre publié à Toronto en
1987 : Fraud, famine and fascism (Mensonge, famine et fascisme : le mythe du
génocide ukrainien d’Hitler à Harvard). Tottle a prouvé, entre autre, que les
photographies utilisés montrant des scènes horribles d’enfants mourrant de
faim, avaient en réalité été prises dans des publications de 1922, à l’époque
où des millions de gens étaient morts à cause de la famine et de la guerre
provoquée par l’intervention de 8 puissances étrangères en Union soviétique
pendant
Ces
faits ont aussi été révélés par le journaliste Louis Fischer, le correspondant
à Moscou de The Nation, un journal américain. Fischer releva que le journaliste
M. Parrott, le vrai correspondant de presse de Hearst à Moscou, avait envoyé
des reportages qui ne furent jamais publiés sur les récoltes excellentes en
Union soviétique en 1933 et sur l’essor économique en Ukraine. Tottle démontra
que le journaliste qui écrivait des reportages sur la soi-disant famine en
Ukraine, « Thomas Waller », était en réalité Robert Green et que celui-ci
s’était échappé d’une prison d’État dans le Colorado ! Ce Walker ou plutôt
Green, lorsqu’il retourna aux États-Unis, fut arrêté et avoua à la cour qu’il
n’avait jamais été en Ukraine. Mais ces mensonges sur les millions de victimes
en Ukraine dans les années 30 dû à une famine supposée avoir été organisé par
Staline, furent seulement découverts en 1987 ! C’est ainsi que Hearst, les
Nazis, l’agent Conquest et bien d’autres ont trompé des millions de personnes
avec leurs mensonges et leurs reportages bidons. Encore aujourd’hui les
histoires de Hearst et des nazis sont répétées systématiquement par les auteurs
de droite. La presse de Hearst, grâce à son monopole dans plusieurs états des
États-Unis et le rôle de ses agences de presse partout dans le monde, fut le
plus grand porte-parole de
Robert Conquest au cœur du mythe
Cet
homme, si largement cité dans la presse bourgeoise, est un véritable apologiste
du système bourgeois. Il doit attirer notre attention car Conquest est un des
deux auteurs qui a écrit le plus sur les soi-disant millions de morts de la
famine. C’est lui qui est en fait à l’origine des principaux mythes et
mensonges concernant l’Union soviétique qui ont été répandu après
Le
style des livres de Conquest est violent et d’un anticommunisme primaire. Dans
son livre de 1969, Conquest raconte comment ceux qui ont succombé à la famine
entre 1932 et 1933 avoisinent les 5 à 6 millions, la moitié d’entre eux
ukrainiens. Mais en 1983, pendant la croisade anticommuniste de Reagan,
Conquest a élargi la famine jusqu’à 1937 et a grossi le nombre de victimes pour
atteindre 14 millions ! De telles affirmations si bien venues se devaient
d’être récompensées : en 1986, Reagan lui demanda d’écrire des textes pour sa
campagne présidentielle, afin de l’aider à préparer le peuple américain à une
invasion soviétique. Le texte en question s’intitulait « Que faire quand les Russes
arrivent — un manuel de survie » ! Un étrange travail pour un professeur
d’histoire ! Mais la vérité est qu’il n’y a rien d’étrange dans tous ça, venant
d’un homme qui a passé sa vie entière à vivre des mensonges et des
falsifications sur l’Union soviétique et Staline, d’abord comme agent des
services secrets puis comme écrivain et professeur à l’université Stamford en
Californie. Le passé de Conquest à été raconté par le Guardian de Londres, le
27 Janvier 1978, dans un article où il fut révélé qu’il avait été un ancien
agent du département de désinformation des Services secrets britanniques,
c’est-à-dire le Département de Recherche et d’Investigation (Information
Research Department, IRD).
L’IRD
avait ouvert ses portes en 1947 (il s’appelait à l’origine le Bureau
d’Information sur le Communisme). Sa tâche principale consistait à combattre
l’influence communiste partout dans le monde, en propageant des histoires chez
les politiciens, les journalistes et d’autres personnes susceptibles
d’influencer l’opinion publique. Les activités de l’IRD étaient très bien
menées, aussi bien en Angleterre qu’à l’étranger. Lorsque l’IRD fut
officiellement dissoute, en 1977, après la découverte de liens avec l’extrême
droite, on découvrit que, pour la seule Grande Bretagne, plus de 100
journalistes renommés étaient en contact avec l’IRD et demandaient
régulièrement des sujets pour leurs articles. C’était la règle pour de nombreux
journaux britanniques comme le Financial Times, The Times, Economist, Daily
Mail, Daily Mirror, The Express, The Guardian et d’autres. Les faits dévoilés
par le Guardian donnent une indication de la manière dont les services secrets
ont réussi à manipuler les journaux et à toucher un large public.
Robert
Conquest travailla pour l’IRD jusqu’en 1956. Le « travail » de Conquest
contribua au soi-disant « livre noir » de l’Union soviétique, des histoires
bidons présentées comme authentiques et distribuées pour influencer l’opinion
publique. Après avoir officiellement quitté l’IRD, Conquest continua à écrire
des livres avec l’aide de l’IRD. Son livre
Alexandre Soljenitsyne
Un
autre individu a systématiquement été associé aux livres et aux articles sur
les soi-disant millions de gens qui perdirent leurs vies ou leur liberté en
Union soviétique : l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne. Soljenitsyne devint
célèbre dans le monde capitaliste à la fin des années 60 grâce à son livre
L’Archipel du goulag. Il fut lui-même condamné en 1946 à 8 ans de prison dans
les camps de travail pour activité contre-révolutionnaire, après avoir
distribué de la propagande anti-soviétique. Selon Soljenitsyne, la guerre avec
l’Allemagne nazie au cours de
Soljenitsyne
accusa le gouvernement soviétique et Staline d’avoir été plus responsable
qu’Hitler des terribles conséquences de la guerre sur le peuple soviétique.
Soljenitsyne ne cacha pas ses sympathies envers les nazis. Il fut condamné à
l’époque comme traître. C’est en 1962 que Soljenitsyne commença à publier ses
livres en Union soviétique avec l’accord et l’aide de Nikita Khrouchtchev. Le
premier livre qu’il publia fut Un Jour dans la vie d’Ivan Denisovitch, qui
racontait la vie d’un prisonnier. Khrouchtchev utilisa les textes de
Soljenitsyne pour combattre l’héritage socialiste de Staline. En 1970,
Soljenitsyne reçut le prix Nobel de littérature pour L’Archipel du goulag. Son
livre commença a être publié largement dans les pays capitalistes et son auteur
devint l’un des instruments les plus efficaces de l’impérialisme pour combattre
le socialisme de l’Union soviétique. Son texte sur les camps de travail
rejoignit la propagande sur les millions de morts en Union soviétique et fut
présenté aux médias capitalistes comme le reflet de la vérité.
En
1974, Soljenitsyne renonça à sa citoyenneté soviétique et émigra en Suisse,
puis aux États-Unis. À cette époque, il était considéré par la presse
capitaliste comme le plus grand combattant de la liberté et de la démocratie.
Ses sympathies nazies furent cachées pour ne pas entraver la propagande de
guerre contre le socialisme. Aux États-Unis, Soljenitsyne fut souvent invité à
d’importantes conférences. Il fut, par exemple, le principal intervenant au
congrès du syndicat de l’AFL-CIO en 1975. Le 15 juillet 1975, il fut même
invité à donner une conférence sur la situation mondiale au Sénat américain !
Ses conférences sont d’une grande violence et plein de provocation, soutenant
et propageant les positions les plus réactionnaires. Par exemple, il mena
campagne pour que les États-Unis attaquent de nouveau le Vietnam. Encore mieux
: après 40 ans de fascisme au Portugal, lorsque des officiers de gauche au sein
de l’armée prirent le pouvoir en 1974 et qu’une révolution populaire eut lieu,
Soljenitsyne commença à mener campagne pour une intervention militaire
américaine au Portugal, car, d’après lui, ce pays allait rejoindre bientôt le
Pacte de Varsovie, si les États-Unis n’intervenaient pas !
Soljenitsyne
regrettait aussi qu'aux colonies africaines du Portugal ait été accordée l’indépendance.
Mais il est clair que le principal aspect des discours de Soljenitsyne fut sa
guerre sans relâche contre le socialisme, allant de ses allégations sur les
millions des gens exécutés en Union soviétique jusqu’aux dizaines de milliers
d’Américains soi-disant emprisonnés et réduit en esclavage au Nord Vietnam !
L’idée de Soljenitsyne que des américains étaient utilisés comme travailleurs
forcés au Nord Vietnam donna l’idée de la série des films de Rambo sur la
guerre du Vietnam. Les journalistes américains qui osaient écrire en faveur de
la paix entre les États-Unis et l’Union soviétique étaient aussitôt accusés par
Soljenitsyne de traîtres potentiels. Soljenitsyne soutint aussi la course aux
armements contre l’Union soviétique, qui, selon lui, était « de 5 à 7 fois plus
puissante que les États-Unis en tanks et avions ». Il prétendait aussi que les
armes atomiques étaient deux à trois ou même cinq fois plus nombreuses en Union
soviétique qu’aux États-Unis. La voix de Soljenitsyne sur l’Union soviétique
représentait l’opinion de l’extrême droite. Mais il alla encore plus loin dans
son soutien ouvert au fascisme.
Le soutien au fascisme de Franco
Après
la mort de Franco en 1975, le régime fasciste espagnol commençait à perdre le
contrôle de la situation politique. Au début de 1976, les évènements en Espagne
attirèrent l’attention de l’opinion publique mondiale. Il y eut des grèves et
des manifestations pour réclamer la démocratie et la liberté. Le successeur de
Franco, le roi Juan Carlos, fut contraint de libéraliser très doucement le pays
pour calmer l’agitation sociale. À ce moment important de l’histoire politique
de l’Espagne, Alexandre Soljenitsyne apparut à Madrid et donna une série
d’interview au programme télé du samedi soir, Directisimo, le 20 mars, à une
heure de grande écoute (voir les journaux espagnols ABC et Ya du 21 mars 1976).
Soljenitsyne qui connaissait les questions à l’avance, se servit de cette
tribune pour faire toute une série de déclarations réactionnaires.
Son
intention n’était pas de soutenir les mesures libérales du roi, mais, au
contraire, de s’opposer aux réformes démocratiques. Au cours de son interview
télévisé, il déclara que 110 millions de Russes étaient morts à cause du
socialisme, et il compara « l’esclavage subi par le peuple soviétique avec la
liberté dont joui l’Espagne ». Soljenitsyne condamna aussi « les cercles
progressistes », les « utopiques » qui ne voyaient que la dictature en Espagne.
Par « progressiste », il voulait dire n’importe qui de l’opposition démocratique
: qu’ils soient des libéraux, des sociaux-démocrates ou des communistes. «
L’automne dernier », déclara Soljenitsyne, « l’opinion publique s’est inquiété
du cas de ces terroristes espagnoles » (des anti-fascistes espagnoles condamnés
à mort par le régime de Franco). « À chaque fois, l’opinion publique
progressiste réclame des réformes politiques alors qu’elle soutient en même
temps des actes terroristes... Ceux qui veulent une réforme démocratique rapide
savent-ils ce qui se passera demain ou après demain ?
L’Espagne
peut connaître la démocratie demain, mais après demain, qu’est-ce qui pourra
empêcher la démocratie de tomber dans le totalitarisme ? » Interrogé par les
journalistes qui voulaient savoir si cela ne voulait pas dire qu’il soutenait
un régime sans libertés, Soljenitsyne répondit : « Je ne connais qu’un seul
lieu où il n’y a pas de liberté et c’est
Dans la
nouvelle Russie capitaliste, ce qui détermine le soutien de l’Occident à des
groupes politiques, c’est tout simplement qu’il puisse faire de bonnes affaires
en Russie avec un maximum de profit, protégés par ces parties. Le fascisme
comme régime politique pour l’avenir de
Les nazis, la police et les fascistes
Ainsi,
parmi les pires pourvoyeurs de mythes bourgeois concernant les millions de
victimes soi-disant mortes et emprisonnées en Union soviétique, on trouve le
pro-nazi William Hearst, l’agent secret Robert Conquest et enfin le fasciste
Alexandre Soljenitsyne. Conquest a joué un rôle essentiel à partir du moment où
ses informations étaient largement utilisées par les médias capitalistes dans
le monde, servant même de base pour des cours dans certaines universités. Les
livres de Conquest sont sans aucun doute d’une très grande qualité au niveau de
la désinformation. Puis dans les années 70, Conquest reçu une grande aide en la
personne de Soljenitsyne, suivi d’une série d’autres dissidents de deuxième
ordre comme Andrei Sakharov et Roy Medvedev. À cela s’est ajouté, ici et là,
nombre d’individus se consacrant un peu partout dans le monde à spéculer sur
les morts et les prisonniers d’Union soviétique, et rémunérés à prix d’or par
la presse bourgeoise. Mais la vérité sur le sujet a finalement été dévoilée et
révélée, malgré ces falsificateurs de l’histoire. Gorbatchev ordonna
l’ouverture des archives secrètes du Parti aux recherches historiques, ce qui
eut des conséquences qu’aucun d’entre eux ne pouvait imaginer.
Les archives révèlent les mensonges de la propagande
Conquest,
Soljenitsyne, Medvedev et d’autres utilisèrent les données publiées par l’Union
soviétique, comme les statistiques démographiques, en augmentant le nombre
d’habitants sans tenir compte des frontières changeantes au cours de
l’histoire. À partir de là, ils conclurent que beaucoup de gens manquaient à
l’arrivée. Les gens disparus furent ainsi déclarés avoir été tués ou incarcérés
à cause du socialisme. La méthode était simple, mais complètement frauduleuse.
Ce genre de « révélations » n’aurait jamais été accepté tel quel, si c’étaient
des pays occidentaux qui avaient été concernés. De nombreux professeurs et
historiens auraient alors protestés contre une telle falsification. Mais
puisqu’il s’agissait de l’Union soviétique, on l’acceptait. Une des raisons vient
certainement du fait que ces professeurs et ces historiens placent leur
avancement professionnel avant leur intégrité professionnelle. Au final,
quelles sont les estimations de ces « critiques » ? Selon Robert Conquest (lors
d’une estimation réalisée en 1961), 6 millions de personnes étaient mortes de
faim en Union soviétique, au début des années 30. En 1986, Conquest revit à la
hausse ce chiffre qui atteint alors 14 millions.
Pour le
goulag, il y avait eu en 1937, selon Conquest et avant les purges dans le
Parti, l’armée et l’appareil d’État, 5 millions de prisonniers. Après le début
des purges, durant les années 1937-38, il y avait eu un nombre supplémentaire
de 7 millions de prisonniers, ce qui faisait un total de 12 millions de
prisonniers dans les camps de travail en 1939. Et ces 12 millions n’étaient
selon Conquest que des prisonniers politiques ! Dans ces camps se trouvait
aussi des criminels de droit commun, qui d’après Conquest, dépassaient en
nombre les prisonniers politiques. Pour finir, cela voulait dire, toujours
d’après Conquest, qu’il y avait eu 25 à 30 millions de prisonniers dans les
camps de travail en Union soviétique. Encore selon lui, en ce qui concerne le
nombre de morts, un million de prisonniers politiques avait été exécuté entre
1937 et 1939 et 2 autres millions étaient morts de faim. Le nombre final des
purges de 1937-39 était ainsi de 9 millions, dont 3 étaient morts en prison.
Ces
estimations furent immédiatement soumises à un « ajustement statistique » par
Conquest, pour arriver à la conclusion que les Bolchéviks avaient tué pas moins
de 12 millions de prisonniers politiques entre 1930 et 1953. En ajoutant les
estimations de ceux qui étaient morts dans la famine des années 30, Conquest
concluait finalement que les Bolchéviks avaient tué 26 millions de personnes.
Dans une de ces dernières manipulations statistiques, Conquest déclare qu’en
1950, il y eu 12 millions de prisonniers politiques en Union soviétique.
Alexandre Soljenitsyne a utilisé plus ou moins les mêmes méthodes statistiques
que Conquest. Mais en utilisant ces méthodes pseudo-scientifiques sur la base
de prémisses différentes, il est arrivé à des conclusions encore plus extrêmes.
Soljenitsyne acceptait les estimations de Conquest de 6 millions de morts
concernant la famine de 1932-33. Mais en ce qui concerne les purges de 1936-39,
il croyait qu’un million au moins de personnes était mort tous les ans.
Soljenitsyne en déduisait qu’entre la période de la collectivisation agricole
jusqu’à la mort de Staline en 1953, les communistes avaient tué 66 millions de
personnes.
Le
gouvernement soviétique était aussi responsable de la mort de 44 millions de
Russes au cours de
Gorbatchev ouvre les archives
La
série de chiffres fantaisistes ci-dessus a été publiée dans les années 60 et
présentée par la presse bourgeoise comme authentique, obtenue avec des
pseudo-méthodes scientifiques. Sous ces fabrications se cachaient les services
secrets occidentaux, principalement
Mais à
la même époque, Gorbatchev ouvrit les archives du Comité Central aux recherches
historiques, à la demande de la nouvelle presse. L’ouverture de ces archives du
Comité Central du Parti Communiste fut vraiment décisive pour débrouiller les
fils de ces contes, et cela pour deux raisons : d’abord parce que les archives
contiennent des faits qui permettent de connaître la vérité. Mais ce qui est
encore plus important, c’est que ceux qui avaient spéculé largement sur le
nombre des gens morts et emprisonnés affirmaient depuis des années que ces
estimations seraient confirmés le jour où les archives seraient enfin
accessibles au public. C’était le cas de Conquest, de Sakharov, de Medvedev et
de tous les autres.
Mais
lorsque les archives furent ouvertes et les conclusions des recherches
commencèrent à être publiés, une chose étrange se produisit. Tout d’un coup,
aussi bien la presse libre de Gorbatchev que les spéculateurs sur les morts et
les prisonniers perdirent tout intérêt dans l’étude de ces archives. Les
résultats des recherches effectuées à partir des archives du Comité Central du
Parti communiste par les historiens russes Zemskov, Dougin et Xlevjuk,
commencèrent paraître dans des journaux scientifiques en 1990, mais restèrent
complètement ignorés au-delà. Les résultats des recherches historiques
contredisaient complètement les estimations de la « presse libre » au sujet du
nombre de morts et de prisonniers. Pourtant, ses études ne furent pas
diffusées. Elles circulèrent dans de petits cercles scientifiques qui pouvaient
difficilement se mesurer à l’hystérie de la presse. Ainsi, les mensonges de
Conquest et de Soljenitsyne continuèrent à être diffusées auprès de larges
secteurs de l’ex-population soviétique. À l’Ouest aussi, les études des
chercheurs russes sur le système pénal sous Staline furent totalement ignorées
dans l’actualité et par les nouvelles télévisées.
Ce que les études russes montrent
Les
recherches sur le système pénal soviétique représentent, au total, près de
9.000 pages. Leurs auteurs sont nombreux, mais les plus connus sont les
historiens russes V. N. Zemskov, A. N. Dougin et O. V. Xlevjnik. Leurs travaux
commencèrent à paraître en Occident grâce à l’aide de collègues de pays
occidentaux. Les deux travaux utilisés ici ont été publiés, pour l’un, dans le
magazine français l’Histoire en septembre 1993 dans un article écrit par
Nicolas Werth, directeur de recherche au CNRS (Centre National de
Aujourd’hui,
plusieurs livres sont parus sur le sujet, écrit par ces chercheurs ou par
d’autres personnes des mêmes équipes de recherches. Avant de poursuivre, je
voudrais préciser qu’aucun de ces scientifiques et chercheurs ne défendent le
système socialiste. Au contraire, ils ont un point de vue bourgeois et
antisocialiste. Certains d’entre eux sont même des réactionnaires. Les lecteurs
ne doivent pas s’imaginer que ce qui va suivre provient d’un quelconque «
complot communiste ». Ces chercheurs ont voulu simplement dénoncer les
mensonges de Conquest, Soljenitsyne, Medvedev et d’autres. Ils ont montré
qu’ils plaçaient leur intégrité professionnelle avant tout autre considération
et qu’ils ne voulaient pas servir des buts de propagande. Les résultats des
recherches russes répondent à beaucoup d’interrogations sur le système pénal
soviétique. Les chercheurs ce sont concentrés surtout sur l’époque de Staline,
la plus controversée. Nous allons continuer en répondant à une série de
questions précises, en puisant les réponses dans les revues L’Histoire et
American Historical Review. C’est la meilleure façon d’aborder le système pénal
soviétique :
1.En quoi consistait le système
pénal soviétique ?
2.Combien de prisonniers y
avait-il, aussi bien prisonniers politiques que non-politiques ?
3.Combien de gens sont morts
dans les camps de travail ?
4.Combien de personnes furent
condamnées à mort avant 1953, en particulier pendant les purges de 1937-1938 ?
5.Quelle était la durée moyenne
des détentions ?
Après
avoir répondu à ces questions, nous discuterons du cas de deux catégories de
populations dont on fait référence habituellement lorsque l’on parle des morts
et des prisonniers en Union soviétique : les koulaks condamnés en 1930 et les
contre-révolutionnaires condamnés en 1936-38.
Les camps de travail dans le système pénal
Commençons
par la nature du système pénal soviétique. Après 1930, le système pénal
soviétique consistait en un système de prisons, de camps de travail (goulag),
de colonies de travail (goulag), de zones ouvertes spéciales et d’un système
d’amendes. Celui qui était condamné était en général envoyé dans une prison
normale et une enquête était faîte pour savoir s’il était innocent et dans ce
cas relâché, ou s’il était au contraire jugé. Un accusé qui passait au tribunal
pouvait aussi bien être déclaré innocent (et relâché) ou être condamné. S’il
s’avérait qu’il était condamné, il devait soit payer une amende, soit aller en prison
ou, plus rarement, être exécuté. L’amende pouvait consister à ce que sa paye
soit réduite pour une période donnée. Pour celui qui y était envoyé, il se
retrouvait dans différentes sortes de prisons en fonction du type de peine.
Étaient envoyés dans les camps de travail du goulag ceux qui avaient commis de
sérieux délits (homicide, vol, viol, crime économique, etc.), ainsi qu’une
grande partie de condamnés pour activités contre-révolutionnaires. Les
condamnés à une peine de 3 ans pouvaient aussi être envoyés dans ces camps de
travail. Après avoir passé un certain temps dans les camps de travail, un
prisonnier pouvait être déplacé dans une colonie de travail ou dans une zone
spéciale ouverte. Les camps de travail étaient des zones très larges où les prisonniers
vivaient et travaillaient sous étroite surveillance. Travailler et ne pas être
à la charge de la société était jugé nécessaire. Aucune personne en bonne santé
ne restait sans travailler. Il est possible qu’aujourd’hui, on trouve cela très
dûr, mais c’était la règle. Il y avait ainsi 53 camps de travail en 1940.
D’autre
part, il y avait 425 colonies de travail. C’étaient des unités beaucoup plus
petites que les camps de travail, avec un régime plus libre et moins surveillé.
On y envoyait ceux qui étaient condamnés à des peines plus réduites et ceux qui
avaient commis des crimes et des délits politiques moins graves. Ils
travaillaient en liberté, dans des usines ou à la campagne, et étaient mélangés
à la société civile. Très souvent, le salaire était entièrement versé au
prisonnier, de la même façon que pour les autres ouvriers. Les zones spéciales
ouvertes étaient généralement des zones agricoles pour ceux qui avaient été
exilés, tels que les koulaks, expropriés pendant la collectivisation. D’autres
personnes jugées coupables de crimes ou de délits politiques mineurs pouvaient
aussi purger leurs peines dans ces zones.
454.000 et non 9 millions
La
seconde question est de savoir combien il y avait de prisonniers politiques et
combien de prisonniers de droit commun. Cette question concerne ceux qui
étaient emprisonnés à la fois dans les colonies de travail, les camps de
travail que dans les prisons (bien qu’il faut savoir que dans les colonies, il
y avait dans la plupart du temps une liberté partielle). Le tableau ci-dessous
a été publié dans
Nombre de
prisonniers en URSS en 1934-1953
Source :
Au 1er janvier de chaque année |
Au camp de travail goulag |
Contre- révolution- aires |
Contre- revoluti- onaires en % |
Décès |
Décès en % |
Libérés |
Echap-pés |
Au colonies de travail goulag |
En prisions |
Total |
1934 |
510 307 |
135 190 |
26,5 |
26 295 |
5,2 |
147 272 |
83 490 |
|
|
510 307 |
1935 |
725 438 |
118 256 |
16,3 |
28 328 |
3,9 |
211 035 |
67 493 |
240 259 |
|
965 697 |
1936 |
839 406 |
105 849 |
12,6 |
20 595 |
2,5 |
369 544 |
58 313 |
457 088 |
|
1 296 494 |
1937 |
820 881 |
104 826 |
12,8 |
25 376 |
3,1 |
364 437 |
58 264 |
375 488 |
|
1 196 369 |
1938 |
996 367 |
185 324 |
18,6 |
90 546 |
9,1 |
279 966 |
32 033 |
885 203 |
|
1 881 570 |
1939 |
1 317 195 |
454 432 |
34,5 |
50 502 |
3,8 |
223 622 |
12 333 |
355 243 |
350 538 |
2 022 976 |
1940 |
1 344 408 |
444 999 |
33,1 |
46 665 |
3,5 |
316 825 |
11 813 |
315 584 |
190 266 |
1 850 258 |
1941 |
1 500 524 |
420 293 |
28,7 |
100 997 |
6,7 |
624 276 |
10 592 |
429 205 |
487 739 |
2 417 468 |
1942 |
1 415 596 |
407 988 |
29,6 |
248 877 |
18 |
509 538 |
11 822 |
360 447 |
277 992 |
2 054 035 |
1943 |
983 974 |
345 397 |
35,6 |
166 967 |
17 |
336 135 |
6 242 |
500 208 |
235 313 |
1 719 495 |
1944 |
663 594 |
268 861 |
40,7 |
60 948 |
9,2 |
152 113 |
3 586 |
516 225 |
155 213 |
1 335 032 |
1945 |
715 506 |
283 351 |
41,2 |
43 848 |
6,1 |
336 750 |
2 196 |
745 171 |
279 969 |
1 740 646 |
1946 |
600 897 |
333 833 |
59,2 |
18 154 |
3 |
115 700 |
2 642 |
956 224 |
261 500 |
1 818 621 |
1947 |
808 839 |
427 653 |
54,3 |
35 668 |
4,4 |
194 886 |
3 779 |
912 794 |
306 163 |
2 027 796 |
1948 |
1 108 057 |
416 156 |
38 |
27 605 |
2,5 |
261 148 |
4 261 |
1 091 478 |
275 850 |
2 475 385 |
1949 |
1 216 361 |
420 696 |
34,9 |
15 739 |
1,3 |
178 449 |
2 583 |
1 140 324 |
|
2 356 685 |
1950 |
1 416 300 |
578 912 |
22,7 |
14 703 |
1 |
216 210 |
2 577 |
1 145 051 |
|
2 561 351 |
1951 |
1 533 767 |
475 976 |
31 |
15 587 |
1 |
254 269 |
2 318 |
994 379 |
|
2 528 146 |
1952 |
1 711 202 |
480 766 |
28,1 |
10 604 |
0,6 |
329 446 |
1 253 |
793 312 |
|
2 504 514 |
1953 |
1 727 970 |
465 256 |
26,9 |
5 825 |
0,3 |
937 352 |
785 |
740 554 |
|
2 468 524 |
On peut tirer du tableau ci-dessus une série d’observations. Pour
commencer, nous pouvons comparer ces chiffres avec ceux de Robert Conquest. Ce dernier
déclare, par exemple, qu’en 1939, il y avait 9 millions de prisonniers
politiques dans les camps de travail et 3 millions d’autres morts en 1937-1939.
Il ne faut pas oublier que Conquest ne parle ici que du nombre de prisonniers
politiques ! À côté, il y a aussi les prisonniers de droit commun qui, ajoute
Conquest, sont encore plus nombreux que le nombre de prisonniers politiques !
En 1950, d’après Conquest, il y avait aussi 12 millions de prisonniers
politiques !
Lorsqu’on connaît la vérité, on peut voir combien est grande la fraude de
Conquest. Aucun des chiffres qu’il avance ne se rapproche d’une quelconque
façon de la vérité. En 1939, il y avait, camp, prisons et colonies confondus,
un total de 2 millions de prisonniers. 454.000 d’entre eux avaient été
condamnés pour crimes politiques, et non 9 millions comme l’assure Conquest.
Ceux qui sont morts dans les camps de travail entre 1937 et 1939 atteignent le
chiffre de 160.000 et non 3 millions comme le dit encore Conquest. En 1950, il
y avait 578.000 prisonniers politiques dans les camps de travail et non 12
millions comme le dit Conquest qui reste, n’oublions pas, encore aujourd’hui
une des principales références de la propagande anticommuniste de droite.
Robert Conquest est assurément un des meilleurs prototypes des
pseudo-intellectuels de droite. En ce qui concerne les chiffres cités par
Soljenitsyne qui annonce 60 millions de morts dans les camps, il n’y pas de
commentaire à faire. L’absurdité de ces affirmations est si manifeste que seul
un fou peut dire de tels choses.
Mais laissons ces trafiquants pour nous concentrer sur l’analyse concrète
des statistiques du goulag. La première question, c’est de savoir ce qu’on peut
conclure du nombre de gens incarcérés ? Qu’est-ce que signifie le chiffre de 2,5
millions ? Chaque personne emprisonnée est une preuve que la société n’a pas
des conditions suffisamment développées pour permettre à chaque citoyen de
vivre pleinement. De ce point de vue, les 2,5 millions de prisonniers
représentent une critique de la société.
La menace intérieure et
étrangère
Les conditions dans lesquelles se trouvait le nombre de prisonniers du
système pénal doivent bien être expliquées. L’Union soviétique était à l’époque
un pays qui avait récemment renversé le féodalisme, et cet héritage social au
niveau individuel pesait souvent lourdement sur la société. Dans un système
arriéré comme le tsarisme, les ouvriers étaient condamnés à vivre dans une
extrême pauvreté et la vie humaine valait peu de choses. Le vol et les crimes
violents étaient punis sans ménagement. Les révoltes contre la monarchie
finissaient souvent par être réprimés par des massacres, la peine de mort et
des peines de prison extrêmement longues. Les relations sociales, et les
traditions mentales qui les accompagnaient, prenaient beaucoup de temps pour
évoluer, ce qui influençait en définitive le développement de l’Union
soviétique dans son attitude envers les criminels.
Une autre chose qui doit être prise en compte, c’est que l’Union
soviétique, qui comptait dans les années 30 près de 160 à 170 millions
d’habitants, était sérieusement menacée par les puissances étrangères. Suite
aux grands changements politiques en Europe dans les années 30, la menace de
guerre de la part de l’Allemagne nazie était grande, une menace de survie pour
le peuple slave. Le bloc occidental nourrissait aussi des ambitions
interventionnistes. Cette situation, Staline l’a résumé en 1931 :
« Nous avons 50 à 100 ans de retard sur les pays avancés. Nous devons
rattraper ce retard en 10 ans. De cela dépend notre survie. »
Dix ans plus tard, le 22 juin 1941, l’Union soviétique était envahie par
l’Allemagne nazie et ses alliés. La société soviétique dût faire de gros
efforts entre 1930 et 1940 et la majeure partie de ses ressources fut consacrée
à préparer la défense contre la guerre qui s’annonçait. À cause de cela, les
ouvriers travaillaient dûr mais peu pour leurs bénéfices personnels. Les 7
jours de travail par semaine furent rallongés en 1937, et en 1939 pratiquement
chaque samedi était une journée de travail. Au cours de cette période très
difficile, la guerre pesa sur la société pendant presque deux décennies (les
années 30 et 40). Elle coûta la vie à 25 millions de personnes en l’Union
soviétique pendant
Pendant cette période très difficile, l’Union soviétique contait un maximum
de 2,5 millions de prisonniers, c’est-à-dire 2,4 % de la population adulte.
Comment peut-on évaluer ce chiffre ? C’est peu ou beaucoup ? Comparons.
Plus de prisonniers aux
États-Unis
Voyons les États-Unis, par exemple, un pays de 252 millions d’habitants (en
1996), le pays le plus riche du monde, qui consomme 60 % des ressources
mondiales. Combien y-a-t-il de prisonniers ? Quelle est la situation de ce pays
qui n’est menacé par aucune guerre et qui ne connaît aucun grand bouleversement
social menaçant sa stabilité économique ?
Dans une dépêche de presse parue très brièvement dans les journaux en août
1997, l’agence de presse FLT-AP (Associated Press) rapporta qu’il n’y avait
jamais eu autant de prisonniers aux États-Unis avec un chiffre de 5,5 millions
de prisonniers en 1996. Cela représente une augmentation de 200.000 personnes
depuis 1995 et le nombre de criminels aux États-Unis représente 2,8 % de la
population adulte. Ces données sont disponibles pour tous ceux qui le désirent
au département de la justice des États-Unis (Page d’accueil web du Bureau
statistique de la justice : http://www.ojp.usdoj.gov/bjs). Aujourd’hui, le
nombre de prisonniers aux États-Unis est de 3 millions supérieur par rapport au
nombre maximum en Union soviétique à l’époque dont nous parlons ! En
définitive, en Union soviétique, 2,4 % maximum de la population adulte était
emprisonnée, alors qu’aux États-Unis, le chiffre atteint 2,8 % et ne fait
qu’augmenter ! Selon la dépêche de presse du département américain de la
justice, le 18 janvier 1998, le nombre de condamnations avait augmenté en 1997
de 96.100.
S’agissant des camps de travail en Union soviétique, il est vrai que les
conditions de détention étaient dures et difficiles pour les prisonniers. Mais
quelle est la situation, aujourd’hui, dans les prisons américaines, où sont
répandus la violence, le trafic de drogue, la prostitution, les abus sexuels
(290.000 viols chaque année dans les prisons). Personne ne peut prétendre
sortir sauf des prisons américaines ! Et dans une société qui n’a jamais été
aussi riche !
Un facteur important : le
manque de soins médicaux
Répondons maintenant à la troisième question. Combien de personnes sont
mortes dans les camps de travail ? Le nombre a varié chaque année, mais on
constate une diminution de 5,2 % en 1934 à 0,3 % en 1953. Les décès dans les
camps de travail étaient causés par le manque général de soins médicaux,
touchant aussi toute la société, en particulier en ce qui concerne les
médicaments contre les épidémies. Ce problème n’était pas réservé aux camps de
travail, mais existait dans toute la société, aussi bien que dans la plupart du
monde. L’utilisation générale des antibiotiques et leur découverte n'ont été
effectives qu’après
Passons à la quatrième question. Combien des gens furent condamnés à mort
jusqu’en 1953, en particulier pendant les purges de 1937-38 ? Conquest affirme
que les Bolchéviks tuèrent 12 millions de prisonniers politiques dans les camps
de travail entre 1930 et 1953. Un million a soi-disant été tué entre 1937 et
38. Soljenitsyne parle de dizaines de millions de morts dans les camps de
travail, dont 3 millions en 1937-38 seulement. De tels chiffres ont été
fabriqués pour la propagande de guerre contre l’Union soviétique. La russe Olga
Shatunovskaya parle de 7 millions de morts dans les purges de 1937-38.
Les documents qui sont sortis des archives soviétiques disent autre chose.
Il est nécessaire de rappeler que le nombre de ceux qui ont été condamnés à
mort est issu de différents archives et que les chercheurs, pour arriver à
obtenir un chiffre approximatif, ont compilé les données en prenant le risque
de doubler les chiffres et d’avoir une estimation plus grande que dans la
réalité. D’après Dimitri Volkogonov, la personne chargé par Yeltsine de
s’occuper des vieux archives soviétiques, il y aurait eu 30.514 personnes
condamnés à mort par les tribunaux militaires entre le 1er octobre 1936 et le
30 septembre 1938. Un document du KGB, paru dans la presse en février 1990, dit
qu’il y aurait eu 786.098 personnes condamnés à mort pour crimes
contre-révolutionnaires au cours des 23 années, de 1930 à 1953. Parmi ces condamnations,
selon le KGB, 681.692 personnes furent condamnées entre 1937 et 1938. Il n’est
pas possible de vérifier ce que dit le KGB, mais cette dernière information
semble peu crédible. Il est difficile qu’un si grand nombre de personnes ait
été condamné à mort en l’espace de seulement deux ans. Est-il possible de
croire que le KGB pro-capitaliste de 1990 donne des informations vraies sur le
KGB pro-socialiste d’alors ? Quoi qu’il en soit, il faudrait vérifier si les
statistiques qu’utilise le KGB ne concernent pas les condamnations à mort à la
fois des prisonniers de droit commun et des contre-révolutionnaires durant ces
23 ans, plutôt que, comme l’affirme le KGB capitaliste, les seules
condamnations à mort de contre-révolutionnaires.
La conclusion qu’on peut tirer, c’est que le nombre de condamnés à mort en
1937-38 est plus proche de 100.000 que des millions de la propagande
occidentale. Il est nécessaire aussi
de savoir que les condamnés à mort ne fûrent pas tous exécutés. Une grande
partie des peines de mort fut commuée en années de camps de travail. Il est
aussi important de distinguer entre les criminels de droit commun et les
contre-révolutionnaires. Beaucoup des condamnés à mort avaient commis des
crimes violents comme des meurtres ou des viols. 60 ans après, ce type de crime
est encore puni de mort dans de très nombreux pays.
Question 5 : Combien de temps duraient les peines de prison ? La durée des
peines de prison a été le thème des rumeurs les plus farfelues dans la
propagande occidentale. Les insinuations habituelles ont pour but de convaincre
les gens qu’en Union soviétique on pouvait passer toute sa vie en prison et
qu’on n’en revenait jamais. C’est complètement faux. La grande majorité de ceux
qui étaient envoyés en prison à l’époque de Staline le fûrent pour une période
maximale de 5 ans. Les statistiques qu’on trouve dans
Les mensonges sur l’Union
soviétique
Parlons brièvement des recherches historiques. Les recherches conduites par
les historiens russes montrent une réalité totalement différente que celle
décrite par les écoles et les universités du monde capitaliste depuis 50 ans.
Pendant ces 50 ans de guerre froide, on a seulement enseigné des mensonges sur
l’Union soviétique à plusieurs générations et ces mensonges ont influencé
énormément ces gens. Cela concerne aussi les enquêtes des chercheurs français
et américains. Dans celles-ci, les chiffres et les tableaux montrent le nombre
de condamnations et de morts qui font d’ailleurs l’objet d’une intense
discussion entre ces spécialistes. Mais le plus important à noter, c’est que la
nature des crimes et des condamnations ne fait jamais partie de leurs
discussions. La propagande politique des capitalistes a toujours présenté les
prisonniers soviétiques comme des victimes innocentes et les chercheurs ont
repris ces affirmations sans les remettre en cause.
Quand les chercheurs ont laissé l’étude des statistiques pour se consacrer
à leurs commentaires, leur idéologie bourgeoise a pris le dessus, avec parfois
des résultats douteux. Les condamnés du système pénal soviétique deviennent
alors des innocents. Mais beaucoup d’entre eux étaient bien des voleurs, des
assassins, des violeurs, etc. Des criminels de ce genre ne seraient jamais
considérés comme innocents par la presse s’ils avaient commis leurs actes en
Europe ou aux États-Unis. Mais parce qu’ils les avaient commis en Union
soviétique, c’était différent. Désigner comme innocent, un meurtrier ou un
violeur récidiviste, c’est vraiment étrange. Il est nécessaire d’avoir un peu
de sens commun lorsqu’on étudie la justice soviétique, au moins en ce qui
concerne les condamnations pour crimes violents. Même s’il ne s’agit pas de
juger de la nature des condamnations, on peut se pencher au moins sur qui
étaient les condamnés.
Les koulaks et la
contre-révolution
Dans le cas des contre-révolutionnaires, voyons de quoi on les accuse. Prenons
deux exemples qui montrent l’importance de cette question : le premier concerne
les koulaks condamnés au début des années 30 et le second concerne les
conspirateurs et les contre-révolutionnaires condamnés en 1936-37.
D’après les enquêtes qui parlent des koulaks, les paysans riches, c’est
381.000 familles, c’est-à-dire 1,8 millions de personnes, qui furent envoyés en
exil. Un petit nombre d’entre eux fut envoyé dans les camps de travail ou des
colonies de travail. Mais pourquoi avaient-ils été condamnés ?
Les riches paysans russes, les koulaks, avaient pendant des centaines
d’années soumis les paysans pauvres à une oppression et à une exploitation sans
limites. Sur 120 millions de paysans en 1927, 10 millions de koulaks vivaient
dans l’aisance, tandis que le reste des 110 millions était pauvre. Avant la
révolution, ils vivaient dans les conditions les plus misérables. La richesse
des koulaks reposait sur les loyers et les taxes des paysans pauvres. Quand les
paysans pauvres commencèrent à se regrouper en fermes collectives, la
principale richesse des koulaks disparût, mais les koulaks ne acceptèrent pas
de se voir battus et essayèrent de restaurer l’exploitation en les affamant.
Des groupes armés de koulaks attaquèrent les fermes collectives, tuèrent les
paysans pauvres et les membres du Parti, mirent le feu aux champs et tuèrent le
bétail. En provoquant la famine chez les paysans pauvres, les koulaks tentaient
de maintenir la pauvreté et leur puissance. Les évènements qui suivirent ne
furent pas ceux qu’espéraient ces meurtriers. Cette fois, les paysans pauvres
avaient le soutien de la révolution et furent plus forts que les koulaks, qui
furent battus, emprisonnés, envoyés en exil et condamnés aux camps de travail.
Sur 10 millions de koulaks, 1,8 millions furent exilés ou condamnés. Il y a
pu avoir des injustices commises au cours de cette lutte des classes massive
dans les campagnes soviétiques où participaient 120 millions de personnes. Mais
pouvons-nous vraiment blâmer pour cela les pauvres et les opprimés dans leur
lutte pour une vie meilleure, pour assurer une vie meilleure à leurs enfants et
pour qu’ils ne restent pas des affamés illettrés ? Pouvons-nous vraiment les
condamner pour ne pas avoir été suffisamment « civilisés » ou pour ne pas avoir
eu assez de pitié ? Qui peut condamner des gens qui durant des centaines
d’années n’ont eu accès à aucun acquis de cette civilisation et les accuser de
ne pas être civilisés ? Les koulaks qui exploitaient les paysans pauvres,
étaient-ils, eux, civilisés ou avaient-ils eu de la pitié pendant toutes ces
années ?
Les purges de 1937
Notre deuxième exemple concerne les contre-révolutionnaires condamnés dans
les grands procès de 1936-38 qui suivirent les purges dans le Parti, l’Armée et
l’appareil d’État, et qui ont pour origine l’histoire du mouvement
révolutionnaire russe. Des millions de personnes avaient participé à la
victoire contre le Tsar et la bourgeoisie russe, et beaucoup ’entre eux étaient entrés au Parti pour d’autres
raisons que le combat pour le prolétariat et pour le socialisme. Mais la lutte
des classes était telle que, bien souvent, on n’avait pas le temps ni
l’opportunité de tester les nouveaux militants. Même des anciens militants
d’autres partis qui se nommaient eux-mêmes socialistes et qui avaient combattu
le Parti Bolchévik, furent ensuite admis dans le Parti. Nombre de ces nouveaux
activistes occupèrent d’importants postes dans le Parti Bolchévik, l’État et
les Forces Armées. Le grand nombre de cadres, comme les gens qui l’étaient
devenus parce qu’ils savaient tout simplement lire et écrire, força le Parti à
changer les conditions d’admission pour eux et pour les nouveaux membres du
Parti. Ces problèmes, lorsqu’ils entrèrent en contradiction, divisèrent le
Parti en deux, avec, d’un côté, ceux qui voulaient continuer la lutte pour
construire le socialisme et, de l’autre côté, ceux qui pensaient que les
conditions n’étaient pas encore réunis pour construire le socialisme et qui
soutenaient un régime social-démocrate. Ces idées avaient pour origine Trotski.
Il avait rejoint le parti en juillet 1917 et il s’était assuré pendant
longtemps le soutien de nombre des Bolchéviks les plus connus. Cette
opposition, unie contre le programme bolchévik initial, déboucha sur un
programme alternatif et un vote le 27 décembre 1927. Avant ce vote, il y eu un
grand débat dans le Parti, qui dura plusieurs années et dont la conclusion ne
laissa aucun doute : sur 725.000 votes enregistrés, l’opposition réussit à
obtenir 6.000 voix, c’est-à-dire que moins d’1 % des membres du Parti soutenait
l’opposition unie.
Après le vote, l’opposition commença à travailler contre le Parti
Communiste et son Comité Central. Celui-ci décida alors d’expulser du Parti les
principaux leaders de ce bloc. Le principal intéressé, Trotski, fut expulsé du
pays. Mais l’histoire de cette opposition ne s’arrête pas là. Zinoviev, Kamenev
et Zvdokine firent des autocritiques, ainsi que de nombreux dirigeants
trotskistes comme Piatakov, Radek, Preobrajenski et Smirnov. Ils furent tous
réadmis dans le Parti et retrouvèrent leurs postes dans le Parti et dans
l’État. À la fin, il devint évident que les autocritiques faîtes par
l’opposition n’avaient pas été suivies des faits, car les dirigeants de
l’ex-opposition se mettaient du côté de la contre-révolution chaque fois que la
lutte des classes s’intensifiait en Union soviétique. La majorité de ces
opposants furent de nouveau expulsés et réadmis une nouvelle fois avant que la
situation ne soit complètement clarifiée en 1937-38.
Le sabotage industriel
Le meurtre en décembre 1934 de Kirov, le président du Parti à Leningrad et
une des plus importantes personnalités du Comité Central, conduisit à une
enquête qui révéla l’existence d’une organisation secrète. Celle-ci préparait
des complots pour prendre la tête du Parti et du Gouvernement par la violence.
En fait, la lutte politique qu’ils avaient perdu en 1927, ils espéraient
maintenant la vaincre par des méthodes violentes contre l’État. Ils se
servirent principalement du sabotage industriel, du terrorisme et de la
corruption. Trotski, le principal meneur de l’opposition, dirigeait ces
activités de l’étranger. Le sabotage industriel causa de terribles dommages à
l’État soviétique, endommageant, par exemple, de nombreuses machines qu’il
était impossible de réparer. Il y eut une chute énorme de la production dans
les mines et les usines.
Une des personnes qui aborda le problème, c’est l’ingénieur américain John
Littlepage, un des experts étrangers engagé par contrat comme ingénieur en chef
en Union soviétique. Littlepage passa 10 ans à travailler dans l’industrie
minière, de 1928 à 1937, principalement dans les mines d’or. Dans son livre À
la recherche des mines d’or de Sibérie, Ed. Payot, 1939, voici ce qu’il écrit :
« Je ne me suis jamais intéressé aux subtilités des idées politiques. Je suis
fermement convaincu que Staline et ses associés mirent un certain temps à se
rendre compte que les communistes rebutés étaient leurs plus dangereux ennemis.
»
Littlepage écrit aussi que son expérience personnelle fut confirmé par les
déclarations officielles qui révélèrent, plus tard, qu’un large complot
utilisait le sabotage industriel pour renverser le Gouvernement. En 1931,
Littlepage l’avait constaté en travaillant dans les mines de cuivre et de
plombs d’Oural et du Kazakhstan. Ces mines faisaient partie d’un grand complexe
industriel sous la direction de Piatakov, le vice-commissaire de l’industrie
lourde. Les mines étaient dans un état catastrophique, aussi bien au niveau de
la production qu’au niveau de la sécurité des ouvriers qui y travaillaient.
Littlepage en conclu que le sabotage était bien organisé et provenait de la
direction même du complexe industriel.
Le livre de Littlepage montre aussi comment le bloc trotskiste était
financé par les activités contre-révolutionnaires. De nombreux membres de
l’opposition secrète utilisaient leurs positions pour détourner l’argent des
achats de matériels pour les usines faits à l’étranger. Les produits achetés
étaient de très mauvaise qualité pour le prix qu’avait payé le Gouvernement
soviétique. Les maisons qui vendaient ces produits donnaient le surplus des
commandes à Trotski, tandis que les conspirateurs continuaient à passer
commandes à ces maisons.
Vol et corruption
Ces procédés furent constatés par Littlepage à Berlin au printemps 1931,
lors d’une mission auquel il participa pour acheter des élévateurs de mines. La
mission soviétique était dirigé par Piatakov et Littlepage était chargé comme
expert de vérifier la qualité des élévateurs et d’approuver la vente.
Littlepage découvrit alors qu’une fraude avait lieu concernant la mauvaise
qualité des élévateurs achetés, sans utilité pour ce qu’ils étaient destinés.
Mais quand il en informa Piatakov et d’autres membres de la mission soviétique,
l’accueil qu’ils lui réservèrent fut très froid, comme s’ils voulaient cacher
ces faits et firent même pression pour qu’il accepte ces achats. Littlepage ne
voulait pas. À cette époque, il pensait que cela concernait des pots-de-vin et
que les membres de la mission avaient été soudoyés par la maison qui vendait
les élévateurs. Mais quand Piatakov avoua, lors du grand procès de 1937, qu’il
avait eu des liens avec le bloc trotskiste, Littlepage en tira la conclusion
que ce qu’il avait vu à Berlin était plus qu’une affaire de pots-de-vin.
L’argent obtenu servait à payer les activités de l’opposition secrète en Union
soviétique, qui comprenaient le sabotage, le terrorisme, la corruption et la
propagande.
Zinoviev, Kamenev, Piatakov, Radek, Tomski, Boukharine et d’autres, que la
presse bourgeoise de l’Ouest aime bien, utilisaient ainsi les postes confiés
par le peuple soviétique et le Parti pour voler l’argent de l’État et pour
collaborer avec les ennemis du socialisme, afin qu’ils utilisent cet argent
pour du sabotage et pour lutter contre la société socialiste soviétique.
Un plan pour un coup
d’État.
Le vol, le sabotage et la corruption étaient des crimes sérieux en
eux-mêmes, mais les activités du bloc allèrent encore plus loin. Un complot
contre-révolutionnaire fut préparé pour s’emparer du pouvoir par un coup d’État
où toute la direction soviétique aurait été éliminée, en commençant par
l’assassinat des plus importants membres du Comité Central du Parti Communiste.
L’aspect militaire du coup d’État était mené par un groupe de généraux dirigé
par le Maréchal Toukhachevski.
D’après Isaac Deutscher, lui-même trotskiste, qui a écrit plusieurs livres
contre Staline et l’Union soviétique, le coup d’État devait être déclenché par
une opération militaire contre le Kremlin et dans les plus importantes casernes
des grandes villes, comme Moscou et Léningrad. Le complot était, selon
Deutscher, dirigé par Toukhachevski avec l’aide de Gamarnik, le commissaire
politique en chef de l’Armée, le Général Yakir, le commandant de Léningrad, le
Général Ouborevitch, commandant militaire de l’académie militaire de Moscou,
ainsi que le général Primakov, un commandant de la cavalerie.
Le maréchal Toukhachevski avait été officier dans l’armée tsariste avant de
passer, après la révolution, dans les rangs de l’Armée Rouge. En 1930, près de
10 % des officiers (près de 4.500 personnes) étaient d’anciens officiers
tsaristes. Nombre d’entre eux n’avaient jamais abandonné leurs conceptions
bourgeoises et attendaient simplement une opportunité pour agir. Cette
opportunité arriva quand l’opposition prépara le coup d’État. Les Bolchéviks étaient forts, mais les
conspirateurs civils et de l’armée mettaient tous leurs efforts à se faire des
alliés encore plus puissants. D’après la confession de Boukharine, lors du
procès public de 1938, un accord fut conclu entre l’opposition trotskiste et
l’Allemagne nazie, dans lequel de grandes parties du territoire, comprenant
l’Ukraine, seraient cédés à l’Allemagne nazie après le coup d’état
contre-révolutionnaire. C’était le prix demandé par l’Allemagne nazie pour
s’assurer son soutien au coup d’État. Boukharine fut informé de cet accord par
Radek, après avoir reçu des directives de Trotski sur le sujet. Tous ces
conspirateurs, qui avaient été placés à des hautes responsabilités pour
diriger, administrer et défendre l’État socialiste, travaillaient en réalité à
détruire le socialisme. Avant tout, il est nécessaire de se souvenir que tout
cela se passait dans les années 30, au moment où le danger nazi grossissait à
chaque instant et quand les armées nazies menaçaient l’Europe et se préparaient
à envahir l’Union soviétique. Les
conspirateurs furent condamnés à mort comme traîtres, après un procès public.
Ceux reconnus coupables de sabotage et terrorisme, de corruption et de préparer
des meurtres, de donner une partie du pays aux nazis ne pouvaient rien espérer
d’autre. Les appeler alors des victimes innocentes, c’est vraiment exagéré.
Encore plus de mensonges
Il est intéressant de voir comment la propagande occidentale, via Robert
Conquest, a menti sur les purges dans l’Armée rouge. Conquest affirme dans son
livre
Apprenons de l’histoire
Le débat sur le système pénal soviétique sous Staline dont traitent des
centaines d’articles mensongers et des livres, ainsi que des dizaines de films
mensongers, permet de tirer d’importantes leçons. Les faits prouvent encore une
fois que les histoires publiées sur le socialisme dans la presse bourgeoise
sont fausses pour la plupart. La droite peut gagner avec l’aide de la presse,
des radios et de la télévision qui domine notre vie, provoquer la confusion,
déformer la vérité et amener beaucoup de gens à croire à ces mensonges. Chaque
histoire que la droite sort doit être considérée comme fausse jusqu’à ce que la
preuve ait été faite de sa véracité. Cette précaution est très utile. Le fait
est qu’alors même que les enquêtes historiques russes sont connues, la droite
continue comme depuis 50 ans à diffuser ces mensonges, même complètement
démasqués. La droite poursuit son héritage historique : un mensonge répété
encore et toujours jusqu’à ce qu’il soit considéré comme vrai.
Après que les recherches russes aient été publiées à l’Ouest, elle cherche
à contester ces recherches et répète ses vieux mensonges en les faisant passer
auprès du public comme de nouvelles découvertes. Ce sont des livres très bien
présentés, truffés du début à la fin de mensonges sur le communisme et le
socialisme. En fait, les mensonges de
la droite sont répétés pour combattre les communistes d’aujourd’hui. Ils les
répètent pour que les ouvriers ne cherchent pas d’alternative au capitalisme et
au néo-libéralisme. Ils font partie d’une guerre sans répit contre les
communistes, qui sont les seuls à proposer une alternative pour le futur, la
société socialiste. C’est la raison pour laquelle paraissent tous ces livres
remplis de ces vieux mensonges.
Cela nous oblige à nous armer d’une conception du monde socialiste sur
l’histoire. Nous devons prendre la responsabilité de travailler pour que les
journaux communistes deviennent d’authentiques journaux de la classe ouvrière
pour combattre les mensonges de la bourgeoisie! C’est un objectif important de
la lutte des classes aujourd’hui et pour éclairer le futur.
Mário Sousa
15/6/1998